Je suis à Stuttgart et devant moi à la caisse, une femme en chador intégral noir, front et nez recouvert. Toute la journée, j’ai travaillé sur des interviews de Tosca Marmor (professeur de chant des années 1950-2000, le pendant de « Mireille ») que j’ai réalisés il y a 30 ans, et qui ont servi pour un livre autobiographique. Le récit portait entre autres sur son séjour dans les camps de concentration allemands.
J’avoue qu’après avoir passé ma journée dans les camps de la mort, où les SS pouvaient exiger n’importe quoi de leurs prisonniers, il m’est particulièrement pénible de voir cette femme contrainte de porter ce vêtement qui lui vient carrément sur le nez, alors qu’il n’y a aucune tempête de sable dehors, et qu’elle n’est sans doute pas atteinte d’une maladie respiratoire la contraignant à respirer en permanence sous un tissus.
J’ai honte pour elle, de son état d’esclave consentante à une tradition parfaitement obsolète et dégradante pour sa liberté de mouvement. Je n’imagine dailleurs pas un seul instant que le moindre homme accepterait de s’affubler d’un costume aussi ridicule et peu commode à porter en pleine ville.
Une amie allemande, familière de ce magasin, n’est pas du tout choquée. Elle a eu pitié de cette femme en la voyant mais, me dit elle, respecte leur tradition, quelle qu’elle soit.
Moi, non. J’aimerais interdire ces accoutrements grotesques. Pourtant, j’en connais un rayon en originaux de tous poils, envers lesquels je suis totalement tolérant et indifférent quand à leur aspect extérieur. Mais ces originaux le font vraiment à titre personnel, sans aucune volonté de prosélytisme, et par goût purement individuel. J’éprouve d’ailleurs la même révulsion-pitié à la vue des « uniformes » gothiques ou des minijupes en plein hiver alors qu’il y a un courant d’air terrible. Liberté, liberté, liberté de choix PERSONNEL, pas imposé …
Dans le cas de cete femme, la nature de sa soumission à l’homme telle une esclave me révulse totalement. Sa résignation le fait penser aux étoiles juives imposées par Hitler qui ne devaient choquer personne, tout comme mon amie n’est aucunement heurtée, alors même qu’elle réprouve l’action des maris (et traditions) auxquels(les) elles se réfèrent.
Oui, la tradition des « Intouchables » en Inde est dégradante et je la combat en aidant à l’éducation de cette caste en soutenant une école dans un de leur village. Oui, je trouve dégradante la vision de ces esclaves d’un vêtement malcommode, et j’aimerais faire quelque chose, mais quoi ?
Amicalement, Christophe
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